PRESSE

RADIO LIBERTAIRE – 14-01-2017
Emission Deux sous de scène avec Evelyne TRAN et Michel TOURTE
sur LES 7 FOUS


89.4 MHz FM       site : radio-libertaire.net

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THEATREACTU.COM – 15-01-2017
sur LES 7 FOUS
Article d’Irène Le Goué

Le septette de Belleville

Découvrez l’intimité des révolutionnaires, des illuminés refaisant le Monde. Puisque « l’homme est un animal triste que seuls les prodiges peuvent émouvoir », dans la petite salle du Théâtre de Belleville, ça rêve haut et fort – et diablement fou ! Assistez aux préparatifs d’une société secrète qui prendra le contrôle de l’État en séduisant d’abord les anarchistes, les étudiants et chômeurs de tout poil puis le reste de la planète.

Une galerie de personnages attablés, dos au public, face à leur miroir.

Leurs différentes peaux-costumes attendant, suspendues à des trapèzes, leurs prises de parole, leur tour de délire. Erdosain au long manteau est courbé dans sa vie triste, le regard bas, piétiné par ses collègues de la Sucrerie et par sa femme. Sa rencontre avec l’Astrologue et ses drôles de sbires le remettra debout. Chacun des membres de cette société secrète, du maquereau mélancolique au chercheur d’or, rêve à son échelle, passionnément. Des pensées démesurées les animent, corps, langue et visage.

La mise en scène de Théo Pittaluga orchestre leur parole en cavale. Le rythme est soutenu, ponctué d’adresses au public drôles, qui détendent l’esprit concentré sur les idéaux et plans d’actions, et permettent de reprendre haleine. Cette adaptation de Los siete locos frôle la partition musicale et la langue puissamment poétique de Roberto Arlt fait danser ses interprètes. Le musicien-compositeur Filip Wojtyra au visage pailleté les accompagne et soutient les discours par la présence tantôt discrète tantôt explosive d’une B.O. théâtrale inspirée.

Les comédiens sont engagés, sincères et passionnants, ils hurlent comme des loups les désirs et les doutes de leurs personnages. Et ils hurlent beaucoup, ce qui fatigue peu à peu l’oreille attentive et pourrait la rendre sourde à leur délire. Pourtant, les interprètes nous attachent à leurs rêveurs ; on saluera la performance de Victor Garreau en mystique éperdu et l’habileté dans les grands discours de Raphaël Mostais, l’Astrologue.

(…)

Rythmée, drôle et intelligente, cette adaptation du roman au théâtre est très appropriée. Le texte de l’auteur argentin des années 1930 résonne aujourd’hui à l’échelle mondiale : fanatisme religieux, surpuissance des industries, immense solitude des hommes contemporains… et une question éternelle : comment rassembler ?